Exception à l’allotissement pour incapacité d’assurer les missions d’organisation, de pilotage et de coordination 

La société SPIEMEF demande au juge du référé précontractuel d’annuler la procédure d’attribution du marché pour l'exploitation et la maintenance multi-technique de ses installations lancée par le CHPF. 

Elle estime que le CHPF a manqué à son obligation d’allotir le marché qui comprend des prestations distinctes. 

L’acheteur rétorque que la dévolution en lots séparés aurait rendu techniquement plus difficile l'exécution du marché en question et qu’il ne pouvait pas assurer lui-même les missions d'organisation, de pilotage et de coordination requises. Il invoque donc les deux exceptions à l’allotissement prévues par l’article L. 2113-11 du Code de la commande publique.

Le juge des référés déboute la société SPIEMEF et confirme que l’acheteur justifie :

  1. qu'il n'est pas en mesure d'assurer par lui-même les missions d'organisation, de pilotage et de coordination ;
  2. et que la dévolution en lots séparés est de nature à restreindre la concurrence ou à rendre techniquement difficile ou financièrement plus coûteuse l'exécution des prestations.

Le juge se fonde sur les éléments suivants :

  • L'établissement s'étend sur plusieurs sites, avec un bâtiment principal de plus de 90 000 m² sur 5 niveaux, abritant des services médicaux, chirurgicaux et obstétriques.
  • Il compte 15 000 équipements nécessitant une maintenance dans le cadre du marché.
  • L'établissement accueille un flux quotidien de plus de 1500 personnes, réparties sur 38 services, avec des contraintes d'entrées et sorties permanentes.
  • Une coordination rigoureuse des fournisseurs est cruciale, vu la complexité des opérations qui impliquent souvent plusieurs équipements interconnectés.
  • Les interventions, souvent urgentes, doivent être effectuées sans interruption, car le CHPF est le seul établissement en Polynésie française offrant certains soins.
  • Le CHPF estime qu'une entreprise générale, offrant un point de contact unique, serait mieux à même de gérer ces contraintes sécuritaires.
  • Le CHPF souligne ne pas avoir les compétences pour gérer lui-même ces opérations et que ses équipes actuelles, dont une avec seulement un ingénieur de maintenance, devraient être renforcées.
  • Diviser le marché en lots distincts pourrait engendrer des coûts supplémentaires pour le CHPF.

TA Polynésie f, 05/09/2023, n°2300352

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